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Les Jeux sont faits… mais où sont les politiques publiques ?

JO Paris 2024

Crédit photo : Getty images

Les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 ont offert un spectacle exceptionnel, marquant un tournant dans l’histoire du sport paralympique. Un mois et demi d’euphorie partagée, où près de 40 millions de Français ont suivi les performances de leurs athlètes. Andrew Parsons, président du Comité paralympique international, a qualifié ces Jeux de « nouvelle référence dans tous les aspects ». Ce succès s’explique par la volonté d’offrir un événement inclusif, à la hauteur des attentes. Des milliers de personnes en situation de handicap ont pu suivre les compétitions dans des conditions adaptées grâce à des innovations telles que l’audiodescription, les tablettes interactives pour les déficients visuels ou encore des boucles d’induction magnétique pour les personnes malentendantes.

L’accessibilité n’a pas été reléguée au second plan. Des infrastructures spécifiques ont permis à des milliers de spectateurs handicapés d’accéder aux sites sans entraves, tandis que des espaces inclusifs et des volontaires en situation de handicap ont renforcé cette dynamique d’intégration. Cet engagement démontre que, lorsque les moyens et la volonté sont présents, il est possible de garantir des droits essentiels et universels à tous. Mais cet enthousiasme contraste cruellement avec la réalité quotidienne des personnes en situation de handicap en France.

Une inclusion encore trop rare hors des stades

Chez Prélude, en accompagnant des associations qui œuvrent pour le handicap, nous côtoyons chaque jour cette réalité. Les projets innovants portés par ces associations sont souvent freinés par des manques de financement chroniques. Mais au-delà de la difficulté à investir, il y a un défi plus fondamental : celui de garantir l’accès aux droits universels, tels que l’éducation, l’emploi, le logement, et l’accessibilité des services publics. Les Jeux ont montré qu’il est possible d’agir vite et efficacement pour répondre à ces besoins. Pourtant, en dehors de ces grands événements, les solutions tardent à se concrétiser.

Prenons l’exemple de l’éducation. Malgré la loi de 2005, des milliers d’enfants handicapés restent privés d’un accès égalitaire à l’école. En 2023, une étude de l’UNAPEI montrait que 51 % des enfants accompagnés par ses associations avaient moins de six heures de scolarisation hebdomadaire. Le manque de personnel formé, l’absence d’adaptations adéquates dans les bâtiments scolaires, et parfois même la difficulté à trouver une place dans les établissements spécialisés conduisent de nombreux enfants handicapés à être marginalisés dès leur plus jeune âge.

Dans les espaces publics, la situation est tout aussi alarmante. Sur les 800 000 établissements recevant du public, 70 % ne sont toujours pas accessibles, malgré les obligations légales en vigueur depuis près de deux décennies. Le Fonds territorial d’accessibilité, créé en 2023 pour financer la mise aux normes des établissements, reste largement sous-utilisé, avec seulement 2 % de son budget alloué en 2024. L’inadéquation des aides publiques illustre un manque de soutien structurel pour atteindre les objectifs d’accessibilité dans la vie courante.

Logement : une crise multiple pour les personnes en situation de handicap

Le logement constitue un domaine particulièrement problématique. Non seulement la loi ELAN de 2018 a réduit l’obligation d’accessibilité des nouveaux logements à 20 %, mais le parc existant est également inadapté. Beaucoup de logements anciens ne répondent pas aux normes et restent coûteux à adapter. Ce manque d’offre adaptée pèse lourdement sur les personnes en situation de handicap, qui peinent à trouver un habitat conforme à leurs besoins.

Dans le secteur du logement social, les défis sont tout aussi complexes : les listes d’attente sont longues et les logements accessibles rares. Par ailleurs, la rigidité des propriétaires privés et des agences immobilières aggrave la situation. Certains refusent de louer à des personnes handicapées, souvent par crainte de coûts supplémentaires liés à l’usure des équipements ou aux aménagements à réaliser. Ce comportement discriminatoire ajoute une barrière supplémentaire à l’accès au logement.

Là encore, l’inadéquation des aides financières publiques est flagrante. Les dispositifs existants, qu’il s’agisse de subventions pour adapter les logements ou d’aides pour couvrir les surcoûts liés à l’accessibilité, ne suffisent pas. Pire encore, ces aides sont souvent complexes à obtenir, rallongeant les délais et compliquant les démarches pour les personnes concernées.

Le moment d’agir est venu

Les Jeux Paralympiques de Paris 2024 doivent être un tremplin pour une véritable refonte des politiques publiques en faveur des personnes en situation de handicap. Les solutions existent. Nous avons vu ce qui est possible avec la mise en place de technologies et d’infrastructures innovantes pour les spectateurs handicapés. Il est temps d’élargir cette vision à toute la société.

Avec l’arrivée d’un nouveau gouvernement, l’opportunité de prendre des mesures concrètes est là. Des ajustements législatifs et financiers sont nécessaires, mais aussi un contrôle accru de l’application des lois déjà en place. Sans une volonté politique claire et des actions suivies d’effets, la situation des personnes en situation de handicap ne s’améliorera pas. Ces Jeux ont montré que l’exclusion n’est pas une fatalité. C’est maintenant au gouvernement de prouver que l’engagement pour une société plus inclusive ne se limite pas à des événements internationaux, mais se traduit par des avancées durables dans la vie quotidienne.

Prélude : accompagner les associations pour concrétiser leurs projets

Chez Prélude, nous proposons un accompagnement global aux associations qui œuvrent dans le domaine de l’accompagnement des personnes en situation de handicap. Grâce à notre expertise spécifique, nous les aidons à concrétiser leurs projets, qu’il s’agisse de la recherche de financement, des relations avec les partenaires publics, ou de leur intégration dans l’environnement local. Notre objectif est de permettre à ces initiatives de se développer et de faire la différence au quotidien, même si les politiques publiques tardent à évoluer de manière plus structurante.